lundi 13 février 2012


Chance

Bien sûr qu'ils sont une chance pour la France. Peut-être même sa dernière. Sans ironie aucune. Car ils ne trichent pas, eux. Ils sont l'écho brutal de l'échec républicain. Ils nous apprennent, feu après feu, coup après coup, vol après vol et viol après viol qu'on ne fait pas une nation sur des principes. Qu'on ne fait pas une nation tout court. Ils nous disent sans le vouloir qu'un peuple c'est un peu plus qu'un ensemble d'individus dont la seule chose en commun est un morceau de papier bleu. Même plastifié.

Chaque racaille passant à l'action c'est une fausse note de plus dans la mélodie des prêcheurs de vide. C'est un obstacle de plus sur un chemin que nous savons être une impasse. C'est une occasion de plus pour le citoyen lambda de prendre conscience de cette mascarade. C'est un petit crachat de plus au visage de ceux qui affirment qu'ils sont des Français comme les autres, et une petite pointe de haine de plus dans le cœur de ceux qui comprennent qu'ils ne l'ont jamais été et ne le seront jamais.

Tous ces petits Tony Montana en joggings fluorescents mettent à nu la grande débâcle dans laquelle nous nous démenons. Ils lèvent le voile sur l'étendue des dégâts et sur leur caractère irréversible. Ils envoient chier tout le modèle de pensée mis au monde par un Occident qui est en train de se détruire de l'intérieur. Ils sont l'incarnation même de ses limites. Ils sont la preuve vivante qu'il est plus que temps de passer à autre chose. Un autre chose qui, demain, sera certainement moins clément à leur égard.



Des émeutes, encore des émeutes, toujours des émeutes. Des flammes de plusieurs dizaines de mètres de haut, des lynchages de faces de craie sur la place publique, de la sueur, du sang et des larmes. Tout cela ne peut que contribuer à un éventuel retournement qui fera à nouveau tomber des têtes dans ce vieux pays. Mais les bonnes, cette fois-ci.

***

Quelque part nous vivons une phase sublime de notre histoire. Je veux dire, observer des vieux soixante-huitards brailler des slogans anti-CPE dans leurs mégaphones en revivant avec nostalgie leur jeunesse "révolutionnaire" - l'époque où ils hurlaient "CRS : SS !" - pendant que leurs gosses se font tabasser à quelques mètres de là parce qu'ils ont la gueule trop blanche, c'est quand-même une scène assez inouïe... il y a là du formidable, du mystique, un décalage qui donne le vertige. Une vraie tragédie qui comme toutes les autres comprend une forme de beauté dans son drame, une beauté terrible.

à partir d'1mn48, c'est saisissant...

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